4 mars 2023

Quel est le meilleur conseil pour progresser aux échecs ?


Réflexion du MI Julien Song

 On a souvent demandé aux meilleurs coachs du monde : " Quel est le meilleur conseil pour progresser ? "

Vu que c'est les meilleurs coachs du monde, on s'attendrait à une formule magique issue de leur expertise incroyable acquise après avoir formé certains des meilleurs joueurs du monde, non ? Et bien non, quand on demande au coach de tennis Patrick Mouratoglou (ancien coach de Serena Williams), il répond : " Avec le temps, j'ai appris qu'il ne fallait pas calquer ce qui marchait sur un joueur sur un autre joueur. Il faut repartir d'une page blanche avec chaque joueur "

Après avoir échangé avec un coach qui a formé plusieurs grand-maîtres aux échecs, il me raconte l'anecdote suivante : " Souvent les proches de joueurs prometteurs me demandent : Si on met l'argent qu'il faut, dans combien de temps il sera Maître ? Grand Maître ? " Et à chaque fois, il doit faire preuve d'une grande pédagogie pour expliquer qu'il n'y a pas de formule magique.

Alors, vous comprenez bien que le débat " Quel est le meilleur conseil pour progresser ? " est un faux débat. La question est mal posée. Il n'y a pas de meilleur conseil en soi. Chaque conseil s'inscrit dans un contexte particulier. Quand Carlsen dit qu'il doit travailler les ouvertures car ces dernières années, il a eu très souvent des mauvaises positions dans l'ouverture, c'est un conseil d'un 2800 Elo pour un 2800 Elo.

Si vous appliquez ce conseil de Carlsen alors que vous êtes 800 Elo par exemple, ce sera probablement une grosse erreur. On peut comprendre qu'un Top 10 mondial travaille beaucoup les ouvertures, car les fondamentaux sont en place.

Mais quand un amateur fait cela, ça donne juste un colosse au pied d'argile, prêt à craquer dès la moindre variation imprévue. L'autre conseil que je vois systématiquement appliqué alors qu'elle ne devrait pas, c'est la réflexion suivante : " Oh le meilleur joueur de mon club travaille énormément les finales. Et comme c'est le meilleur joueur du club, c'est probablement quelque chose que je devrais faire ".

Mais attention, concomitance n'implique pas causalité. Peut-être que ce joueur a raison de miser sur ses finales parce qu'il a cette patience de mettre la pression de longues heures sur son adversaire.

Mais peut-être que vous n'avez pas cette patience. Peut-être que vous êtes plutôt quelqu'un de très organisé, avec de superbes compétences analytiques et une très bonne mémoire. Dans ce cas, vous feriez probablement mieux de faire de vos ouvertures un point fort sachant vos qualités personnelles.

Chaque joueur est unique. Différentes personnes, différents niveaux, différents besoins.

2 commentaires:

  1. Pour compléter la réflexion, je dirais que pour moi, une des questions essentielles à se poser quand on veut progresser est : Combien de temps suis-je prêt(e) à consacrer aux échecs sur une semaine ?

    Dans tous les cas, si des membres du club s'interrogent sur la question du comment progresser, il ne faut pas hésiter à en parler. Il n'y a pas de formule magique mais les discussions permettent d'avancer.

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  2. Nous savons tous plus ou moins ce qu'il faut faire pour progresser aux échecs, mais voilà sommes-nous prêts à passer beaucoup du temps sur une semaine, au détriment d'autres activités qui nous plaisent tout autant ou davantage. Tout cela dépend aussi de notre activité professionnelle ou de retraité!
    Comme le suggère David, le mieux est d'en parler ensemble. Bonne semaine.

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