7 février 2020

En progrès, mais peut mieux faire ...


Le serpent de mer du mois. On en parle très souvent au club, mais ça n'avait jamais été gravé dans le marbre du blog. Maintenant c'est chose faite. Si on part du principe que finalement il n'y a pas cinquante façons de s'orienter dans une partie d'échecs mais uniquement trois :
— j'ai déjà joué ce type de position, et je sais qu'il faut jouer ce plan parce que j'ai eu de bons (ou de mauvais) résultats dans le passé.
— j'ai vu que dans ce type de position le grand-maitre Tartenpion jouait ce plan pour telle raison et je vais m'en inspirer
— cette position m'est inconnue et il va falloir que je me retrousse les manches et tout calculer : "si mon adversaire fait ceci, je fais cela ".
Avec un savant mélange des trois, on peut dégager quelques pistes de progression.

Le classement hiérarchique dégressif proposé est le mien, il est probable qu'il soit différent pour vous. Si vous avez faim faites le 1. Si vous avez encore faim faites le 1 et le 2. Si vous n'êtes pas rassasié, etc. Je laisse de coté la préparation physique (alimentation, sport, sommeil) et mentale pour ne garder que la technique. Je ne parlerai pas non plus des supports d'apprentissage : livres, vidéos, logiciels, ni de ce qui est souvent déconseillé comme jouer trop de parties blitz, et bullet ni de — le nec plus ultra — la possibilité d'avoir un entraineur personnel, ce qui clorait définitivement le sujet.

1. Analyser ses parties, en particulier ses parties perdues
Pourquoi ? c'est évident, non ? Errare humanum est, perseverare diabolicum. Notez en particulier ce qui vous est passé par la tête pendant la partie, votre dialogue intérieur. Si ça continuait après la partie ce n'est pas normal,  c'est peut-être des hallucinations, pensez à consulter un psychiatre.

2. Rejouer les parties des grands maîtres, en particulier les classiques
Pourquoi ? parce que les grands maîtres savent de quoi ils parlent, ils jouent rarement des coups au pif comme vous et moi ( ah bon, vous réfléchissez ?!  alors  là je dis Bravo !) Vous aurez une vision générale de la conduite d'une partie, de l'ouverture à la finale, de la tactique et de la stratégie. C'est bien si les parties sont commentées par le joueur lui-même, avec beaucoup d'explications "verbales" et juste les variantes nécessaires à la compréhension; à notre niveau l'exhaustivité et la recherche de "la vérité" de la position sont superflues. La préférence pour les classiques est que les plans développés sont relativement plus faciles à comprendre, car plus linéaires, que ceux des parties des joueurs actuels botoxées au silicone des ordinateurs.
Peter Biyiasas est devenu maitre internationnal en étudiant seulement 2 livres : les finales de Tours de Levenfish et Smyslov, et les 60 meilleures parties de Bobby Fischer (NDLR : en étudiant, pas en lisant, j'imagine qu'il y avait aussi une grosse pincée de talent). Le livre préféré d'Emmanuel Bricard est les parties de Carl Schlechter. Dans sa jeunesse, Anatoly Karpov avait comme livre de chevet les parties de Capablanca. etc.

3. Etudier les finales élémentaires, en particulier les finales de Pions et de Tours
Pourquoi ? parce que ce sont celles qui se produisent le plus souvent en pratique, et vous épaterez votre entourage en citant Philidor, Lucena, Vancura, Saavedra et les autres.

4. Faire des exercices tactiques et des études
Pourquoi ? parce que le gotha des échecs vous le dit ! DivadLank, hhh, pour ne citer que les plus connus. Ça permet accessoirement d'apprendre à calculer les variantes, à visualiser la géographie de l'échiquier et les mouvements de pièces, à mémoriser des schémas d'attaques et défensifs et des réseaux de mats, les fameux "Patterns".

Si vous êtes plutôt "marche en forêt" et un poil paresseux misez sur le 1 et le 2. Si vous êtes plutôt "pompes et squats" et très courageux misez sur le 3 et le 4. Pour moi le compte est bon, à vous de jouer  !

À paraître ...  Que (ne pas) faire quand malgré ça les résultats ne sont pas au rendez-vous ? :-))

2 commentaires:

  1. Bravo pour cet exposé écrit avec soin cher Serge, joueur à notre échiquier n°1 et capitaine de l'équipe n°1.

    Personnellement, justement, je n'aurais pas choisi cette entrée mais plutôt une autre.

    D'abord distinguer deux axes.

    a) Progresser au niveau de sa culture échiquéenne : l'apprentissage de concepts tactiques (mat du couloir, double attaque, finale etc...) et stratégiques (principes de l'ouverture, occupation des colonnes ouvertes, etc...) En gros, c'est le travail de fond. Il faut hiérarchiser selon ses besoins et ses envies.

    b) Progresser en parties. Et là, on peut avoir des surprises. Deux exemples :
    "J'ai perdu parce que je ne savais pas quoi faire dans cette position." --> Ca renvoie au point a).
    "Je perds mes moyens dès que mon Roi est menacé." --> Ben.. on aura beau faire ses gammes, il va falloir trouver quelque chose d'autre.


    Du coup, ça donnerait plutôt de mon côté comme conseils.

    Travail de fond : Tactique un peu tous les joueurs (puzzles Lichess par exemple). Ce qu'on ajoute, il vaut mieux en faire peu mais le faire bien plutôt que de picorer plein de concepts sans en voir le bout.

    Progresser en partie : Analyser ses parties en compétition et voir à chaque fois ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné. En déduire ensuite les conclusions personnelles. Ca peut être un truc tout bête (éviter de boire du café) ou quelque chose de plus difficile à identifier.

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